mercredi 6 novembre 2013

Atelier Alger

Cet été ou plus exactement, ce mois de septembre, j'ai animé un Atelier d'écriture à Alger dans le cadre d'un projet initié et porté par la Compagnie des Trois Sœurs sise à Besançon, soutenu par la Ville de Besançon, l'Institut français d'Alger et l'Ecole d'Arts Artissimo située rue Didouche Mourad. Si j'ai eu quelque angoisse au début quant à la répercussion de l'information, vues la période estivale et la spécificité du mois de ramadan, je n'ai eu ensuite que du bonheur. La presse a efficacement et durablement relayé l'appel à candidatures pour participer à l'Atelier. Ce fut quasi magique. Dès la première publication sur El Watan, nous recevions les premiers messages d'adhésion. Bien sûr Artissimo et l'Institut devaient aussi publier l'info sur leurs sites respectifs. Merci donc, très vivement, aux quotidiens El Watan, Liberté – lequel a informé dans sa rubrique "Sortir" avant et pendant toute la durée de l'Atelier – et aussi à l'Hebdo. Merci aux librairies d'Alger, les Librairies El Ijtihad, Tiers-Monde, Les Mots qui ont bien voulu afficher sur leurs vitrines et murs le texte d'appel que je leur ai remis.
Cela fait plus de quinze ans que j'anime des Ateliers d'écriture (Lure, Rouffach, Lons-le Saunier et surtout Besançon). Mais c'est la première fois que cela se passe à Alger. Une première fois qui m'a fait retrouver des visages et des voix d'Algériennes. Visages et voix qui ont donné à Alger une saveur incomparable. Des femmes qui avaient à dire, à écrire, chacune à sa manière, qui me font encore réfléchir sur les mots et leur pouvoir d'expression à l'intérieur d'une dynamique d'atelier. J'entends encore l'une d'elles s'étonner qu'une proposition d'écriture fasse advenir du fond de sa sensibilité, de son émotion, de ses souvenirs ses propres mots, son écriture, elle qui n'avait pas songé, jusque-là, à écrire. Ça, c'est l'une des récompenses du métier ! Que vous donniez envie d'écrire, que vous aidiez à entrouvrir une porte... Que l'expérience de l'écriture ait été ponctuelle – le temps d'un atelier - ou appelée à continuer, qu'importe, l'essentiel est que certaines d'entre elles se sont autorisées à écrire, à vérifier que l'autre versant d'une langue employée quotidiennement à travers l'oralité est l'écriture. Écriture qui n'est pas l'apanage des seuls écrivains. Je dis certaines, car d'autres avaient déjà une pratique d'écriture (créative ou de journalisme) et le goût d'écrire. Dans cet atelier, il s'est agi de catalyser des écritures au plus près de soi. La lecture des textes, l'écoute, les échanges qui s'en suivaient ont fait de chaque séance (3 heures) un moment intense, véridique, d'une grande qualité. Inutile de s'appesantir sur l'état qui était le mien à chaque fin de journée. Je repartais pleine de mots, d'émotions, de pensées. Je ferme les yeux et les revois une à une : ardente, réservée, douce, attentive, sur la défensive, se laissant apprivoiser, sans complaisance, révoltée, sensible, en colère, attentionnée... Toutes intelligentes, non indifférentes, posant un regard de réflexion et de questionnement sur elles-mêmes et leur société. Je sais que si ce pays est aimable malgré tous les problèmes qui s'y posent et non des moindres, il l'est grâce à ses gens, à ces femmes-là.