Cet
été ou plus exactement, ce mois de septembre, j'ai animé un Atelier
d'écriture à Alger dans le cadre d'un projet initié et porté par la Compagnie des Trois Sœurs sise à Besançon, soutenu par la
Ville de Besançon, l'Institut français d'Alger
et l'Ecole d'Arts Artissimo située rue Didouche Mourad. Si
j'ai eu quelque angoisse au début quant à la répercussion de
l'information, vues la période estivale et la spécificité du mois
de ramadan, je n'ai eu ensuite que du bonheur. La presse a
efficacement et durablement relayé l'appel à candidatures pour
participer à l'Atelier. Ce fut quasi magique. Dès la première
publication sur El Watan, nous recevions les premiers messages
d'adhésion. Bien sûr Artissimo et
l'Institut devaient aussi publier l'info sur leurs sites respectifs.
Merci donc, très vivement, aux quotidiens El Watan, Liberté –
lequel a informé dans sa rubrique "Sortir"
avant et pendant toute la durée de l'Atelier – et aussi à
l'Hebdo. Merci aux librairies d'Alger, les Librairies El Ijtihad,
Tiers-Monde, Les Mots qui ont bien voulu afficher sur
leurs vitrines et murs le texte d'appel que je leur ai remis.
Cela
fait plus de quinze ans que j'anime des Ateliers d'écriture (Lure,
Rouffach, Lons-le Saunier et surtout Besançon). Mais c'est la
première fois que cela se passe à Alger. Une première fois qui m'a
fait retrouver des visages et des voix d'Algériennes. Visages et
voix qui ont donné à Alger une saveur incomparable. Des femmes qui
avaient à dire, à écrire, chacune à sa manière, qui me font
encore réfléchir sur les mots et leur pouvoir d'expression à
l'intérieur d'une dynamique d'atelier. J'entends encore l'une
d'elles s'étonner qu'une proposition d'écriture fasse advenir du
fond de sa sensibilité, de son émotion, de ses souvenirs ses
propres mots, son écriture, elle qui n'avait pas songé, jusque-là,
à écrire. Ça, c'est l'une des récompenses du
métier ! Que vous donniez envie d'écrire, que vous aidiez à
entrouvrir une porte... Que l'expérience de l'écriture ait été
ponctuelle – le temps d'un atelier - ou appelée à continuer,
qu'importe, l'essentiel est que certaines d'entre elles se sont
autorisées à écrire, à vérifier que l'autre versant d'une langue
employée quotidiennement à travers l'oralité est l'écriture.
Écriture qui n'est pas l'apanage des seuls écrivains. Je dis
certaines, car d'autres avaient déjà une pratique d'écriture
(créative ou de journalisme) et le goût d'écrire. Dans cet
atelier, il s'est agi de catalyser des écritures au plus près de
soi. La lecture des textes, l'écoute, les échanges qui s'en
suivaient ont fait de chaque séance (3 heures) un moment intense,
véridique, d'une grande qualité. Inutile de s'appesantir sur l'état
qui était le mien à chaque fin de journée. Je repartais pleine de
mots, d'émotions, de pensées. Je ferme les yeux et les revois une à
une : ardente, réservée, douce, attentive, sur la défensive,
se laissant apprivoiser, sans complaisance, révoltée, sensible, en
colère, attentionnée... Toutes intelligentes, non indifférentes,
posant un regard de réflexion et de questionnement sur elles-mêmes
et leur société. Je sais que si ce pays est aimable malgré tous
les problèmes qui s'y posent et non des moindres, il l'est grâce à ses gens, à ces
femmes-là.