"Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les coeurs contre nous endurcis?"
François Villon
« Cela
fait réfléchir.
Ce n’est pas un naufrage en mer, mais une mort
dans un canal,
en face de centaines de personnes ! »
Francesca
Zaccariotto, chargée des travaux publics à Venise
Par rapport à l'indicible de la réalité qui interroge notre humanité, les mots restent pauvres.
J'ai essayé pourtant en composant le texte qui suit :
Dans
les yeux du monde
Il
a traversé le désert
Il
a traversé la mer
Depuis
deux années
Il
avait en Italie
Un titre de réfugié
Un titre de réfugié
Dimanche
21 janvier
De
l'an 2017
Il
est arrivé à Venise
Par
le train
En
provenance de Milan
Qui
saura ses raisons?
Il
s'est assis
Sur
le pont des déchaussés
A
posé son sac à dos
Ses
papiers rangés
Dans
un sachet plastique
Puis
il s'est levé
Noir jeune homme
Couvert de solitude
Et il s'est jeté
Couvert de solitude
Et il s'est jeté
Dans
l'eau froide
Du Grand Canal
Pendant
qu'il se mourait
Ils
l'ont regardé
Ils
l'ont filmé
Ils
l'ont insulté
"Nage
jusqu'à la maison"
"Allez
rentre chez-toi"
"Laissez-le
mourir"
"C'est
une merde"
"Il
fait semblant"
Des
spectateurs
Nul
n'a plongé
Nul
ne l'a secouru
Il
venait de Gambie
Petit
pays d'Afrique
Enclos
dans le Sénégal
Bordé
par l'Océan atlantique
Il
s'est noyé dans les yeux du monde
Dans
le cœur endurci des humains
Il
s'appelait Pateh Sabally
Il
était âgé de vingt-deux ans
Soumya Ammar Khodja
Soumya Ammar Khodja
Chemin 2015 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire